vendredi 2 avril 2010

Marie Bourdon alias Mehwatta : une légende

Sur plusieurs sites internet, on trouve l'affirmation selon laquelle Marie Bourdon, fille de Jacques Bourdon et Marie Ménard, l'épouse du coureur de bois Jean Cadieux, soit une Algonquine. On la surmomme « Mehwatta » et certains l'associent au clan Pachirini. C'est une légende !

Toutes les sources confirment les origines françaises de
Marie Bourdon. Elle est né le 8 août, et a été baptisée le 11 août 1675 à Boucherville.



(source : fonds numérisé Drouin)

« Baptême 14
L'an de Notre Seigneur 1675 le 11ieme jour d'août faisant les fonctions curiales en Boucherville j'ay baptisé en la chapelle de Boucherville une enfant née du huitième jour du dit mois de Jacques Bourdon habitant de Longueuil et de Marie Menard legitimement maries ensembles. cet enfant s'appelle Marie. son parrain Jean Guinot de l'Isle de Montreal sa marraine Catherine Forestier femme de Jacques Menard hbt de Boucherville
Pierre de Caumont, pretre miss. »

(source : fonds numérisé Drouin)
« Mariage
Le 30 may 1695 je soussigné prètre
De Boucherville après la publication des
Trois bans faites aux messes parois
Siales de l’église de la Ste Famille de
Boucherville ne sétant trouvé aucun
Empeschements n’y opposition ay marié
Avec les cérémonies ordinaires de la Ste
Église Jean Cadieu asgé d’environ 26 ans
Fils de Jean Cadieu et de Marie Valade
Son épouse hbts dans l’Isle de Montréal
Avec Marie Bourdon, asgée d’environ 20
Ans
fille de Jacques Bourdon et Marie
Ménard son épouse
hbts a Boucherville
Et leur ay donné la bénédiction
Nuptiale en présence de M. Boucher escuyer
Seigneur de Boucherville M. Labaume hbts
Et chirurgien de Boucherville de Jacques Viau
Et Alexandre Lacoste hbts de Longueuil
Amis de l’espoux et de
Jacques Bourdon
Père de l’épouse
et Jean Baptiste
Ménard Oncle de l’espouse
lesquels ont
Signé avec moy. A. Taillandier J. Bourdon
J. Viau J. B Menard A. Lacoste
P. R. G. de la Saulay prestre »

Il n'y a aucune mention qu'elle ait été adoptée. Aucun document d'archive de l'état civil ou notarié n'a été trouvé la reliant à une nation amérindienne. L'association des familles Bourdon, Cadieux et Quenneville à la traite des fourrures ne justifie pas qu'on attribue une identité amérindienne à Marie Bourdon.

L'examen des contrats notariés laissés par Marie Bourdon indique qu'elle est parfaitement au courant de la Coutume de Paris qui régissait sa vie civile. Elle passe un contrat de mariage avec Jean Cadieux (probablement sous seign privé) devant Léger Hébert (et non Fleurimont, comme l'indique erronément Jetté). Elle passe un nouveau contrat de mariage avec son second mari Antoine Quenneville (Tienneville) le 26 mai 1710 devant le notaire Tailhandier; un partage d'une terre est rédigé le 9 février 1738 (dépôt 13 mars 1746 chez Simonnet) ; elle passe devant le notaire Hodiesne le 23 mars 1741 pour se séparer de son mari « à cause de la différence de leurs humeurs ». On ne connait pas la date de son décès, mais il se situe vers 1742. Les 18 et 19 avril et 1er et 2 mai 1746, un inventaire des biens de ses communautés avec ses deux maris sont dressés.


L'origine du mythe

En 1709, Jean Cadieux est à l'Île du Grand Calumet (aujourd'hui dans le comté de Pontiac) pour un voyage de traite. Sur le chemin de retour vers Boucherville où l'attendait sa femme légitime, Cadieux et ses compagnons Algonquins furent cernés par une bande d'Iroquois. La rencontre se solda par la mort d'un Algonquin et la fuite de Cadieux, qui rendit l'âme au Portage des Sept-Chutes (Temiskaming), après avoir écrit la «
Complainte de Cadieux » sur un morceau d'écorce. Chose hautement improbable, puisque Cadieux était illettré, comme en témoigne un contrat d'engagement daté du 28 juillet 1704 devant le notaire Taillandier dans lequel le contractant déclare « ne sçavoir signer ». Le corps de Cadieux fut retrouvé dans la fosse qu'il avait lui-même creusée, partiellement recouvert de feuilles. La « Légende de Jean Cadieux » était née.

Selon Benjamin Sulte (BRH, vol. III, no. 11, nov. 1897, p. 173), la « Complainte de Cadieux » serait apparue dans le répertoire des chants populaires canadiens-français vers 1840. Une première version écrite a été publiée par Joseph-Charles Taché dans Soirées Canadiennes puis dans Forestiers et Voyageurs en 1863. Elle paraît aussi dans les Chansons populaires du Canada d'Ernest Gagnon en 1865.

http://legrenierdebibiane.com/trouvailles/legendes/cadieux/complainte.htm

Cette légende inspire la poètesse canadienne-anglaise Isabel Ecclestone Mackay, qui évoque l'agonie du voyageur. Son poème, originalement publié en 1909, figure dans l'anthologie de littérature canadienne de John William Garvin, Canadian Poets (Toronto : McClelland, Goodchild & Stewart Publishers, 1916, p. 237-246) http://digital.library.upenn.edu/women/garvin/poets/mackay.html

The Passing of Cadieux

THAT man is brave who at the nod of fate
Will lay his life a willing offering down,
That they who loved him may know length of days;
May stay awhile upon this pleasant earth
Drinking its gladness and its vigour in,
Though he himself lie silent evermore,
Dead to the gentle calling of the Spring,
Dead to the warmth of Summer; wrapt in dream
So deep, so far, that never dreamer yet
Has waked to tell his dream. Men there may be
Who, careless of its worth, toss life away,
A counter in some feverish game of chance,
Or, stranger yet, will sell it day by day
For toys to play with; but a man who knows
The love of life and holds it dear and good,
Prizing each moment, yet will let it go
That others still may keep the precious thing–
He is the truly brave!
This did Cadieux,
A man who loved the wild and held each day
A gift from Le Bon Dieu to fill with joy
And offer back again to Him who gave
(See, now, Messieurs, his grave!) We hold it dear
The story you have heard–but no? 'Tis strange,
For we all know the story of Cadieux!
He was a Frenchman born. One of an age
That glitters like a gem in history yet,
The Golden Age of France! 'Twould seem, Messieurs,
That every country has a Golden Age?
Ah well, ah well!–
But this Cadieux, he came
No one knew whence, nor cared, indeed, to know.
His simple coming seemed to bring the day,
So strong was he, so gallant and so gay–
A maker of sweet songs; with voice so clear
'Twas like the call of early-soaring bird
Hymning the sunrise; so at least 'twould seem
Mehwatta thought–the slim Algonquin girl
Whose shy black eyes the singer loved to praise.
She taught him all the soft full-throated words
With which the Indian-warriors woo their brides,
And he taught her the dainty phrase of France
And made her little songs of love, like this:
'Fresh is love in May
When the Spring is yearning,
Life is but a lay,
Love is quick in learning.

'Sweet is love in June:
All the roses blowing
Whisper 'neath the moon
Secrets for love's knowing.

'Sweet is love alway
When life burns to embers,
Hearts keep warm for aye
With what love remembers!'
Their wigwam rose beside the Calumet
Where the great waters thunder day and night
And dawn chased dawn away in gay content.
Then it so chanced, when many moons were spent,
The brave Cadieux and his brown brothers rose
To gather up their wealth of furs for trade;
And in that moment Fate upraised her hand
And, wantonly, loosed Death upon the trail,
Red death and terrible–the Iroquois!
(Oh, the long cry that rent the startled dawn!)
One way alone remained, if they would live–
The Calumet, the cataract–perchance
The good Saint Anne might help!
'In God's name, go!
Push off the great canoe, Mehwatta, go!–
Adieu, petite Mehwatta! Keep good cheer.
Say thou a prayer; beseech the good Saint Anne!–
For two must stay behind to hold the way,
And shall thy husband fail in time of need?
And would Mehwatta's eyes behold him shamed?–
Adieu!'–Oh, swift the waters bear them on!
Now the good God be merciful! ....
They stayed,
Cadieux and one Algonquin, and they played
With a bewildered foe, as children play,
Crying 'Lo, here am I!' and then 'Lo, here!' 'Lo, there!'
Their muskets spoke from everywhere at once–
So swift they ran behind the friendly trees,
They seemed a host with Death for General–
And the fierce foe fell back.
But ere they went
Their wingèd vengeance found the Algonquin's heart.
Cadieux was left alone!
Ah, now, brave soul,
Began the harder part! To wander through
The waking woods, stern hunger for a guide;
To see new life and know that he must die;
To hear the Spring and know she breathed 'Adieu'! ...
One wonders what strange songs the forest heard,
What poignant cry rose to the lonely skies
To die in music somewhere far above
Or fall in sweetness back upon the earth–
The requiem of that singer of sweet songs!
They found him–so–with cross upon his heart,
His cold hand fast upon this last Complaint–
'Ends the long trail–at sunset I must die!
I sing no more–O little bird, sing on
And flash bright wing against a brighter sky!
'Sing to my Dear, as once I used to sing;
Say that I guarded love and kept the faith–
Fly to her, little bird, on swifter wing.
'The world slips by, the sun drops down to-night–
Sweet Mary, comfort me, and let it be
Thy arms that hold me when I wake to light!'
« Mehwatta » serait une jeune Algonquine que le clan Kichesipirini (le Peuple de la Grande Rivière) aurait offerte à Jean Cadieux pour compagne. La « Complainte de Cadieux » fait une vague référence à une compagne, sans la nommer. Le poème d'Isabelle Ecclestone MacKay est la seule référence trouvée à ce jour sur « Mehwatta ».

La rumeur sur l'« épouse Amérindienne » de Jean Cadieux et les origines de son épouse légitime Marie Bourdon a fait son chemin et l'erreur s'est perpétuée jusqu'à nos jours.

2 commentaires:

  1. Je pense que vous avez raison et le fait de pouvoir éventuellement examiner la signature ADN mitochondriale d'un ou d'une descendant e qui possède Marie BOURDON en matrilignage (lignée utérine jusqu'à elle), pourrait être démonstration difficilement contestable si cette signature s'avère européenne.
    Alors j'invite toute personne qui a Marie BOURDON en matrilignage à me contacter pour que son ADN-mt soit testé à cette fin.

    Bien cordialement
    Jacques Beaugrand
    ADN Héritage Français www.adnfrancais.org

    Jacques(@)frenchdna.org


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  2. Je suis une descendante de marie bourdon si vous avez toujours besoin

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